jeudi 26 août 2010

Nuits blanches. Rayon vert. Heure bleue (une fille en mille morceaux)


Dans mes nuits blanches, il y a des turbulences
Des messages en morse, des S.O.S.

Dans mes nuits blanches, les baigneurs font la planche

Les grands requins blancs font le reste


La salle était comble en cette journée d'août pluvieuse et quasi automnale. En attendant le début du film, mon voisin de gauche a ouvert un livre apparemment intitulé Modernité et holocauste (joyeuse lecture). Dans la rangée devant moi, un vieux couple n'avait aucune idée du film qu'il était venu voir : il s'était trompé de jour pour le film qu'il avait choisi et avait atterri là par défaut. J'ai trouvé la situation assez cocasse.

Dans Le rayon vert, Delphine se retrouve seule pour les vacances. Déprimée, elle cherche de la compagnie, se plaint, pleurniche auprès de ses copines, qui ne la comprennent pas. Elle s'ennuie quelques jours en Normandie et tourne en rond. Elle se sent désespérément seule. La fin de ses tourments viendra durant un séjour à Biarritz, qui ne commence pourtant pas très bien.

Cet été, j'ai suivi sans le savoir les humeurs et les pas de Delphine.

Une Normandie improvisée d'abord, où je n'ai pu réprimer une sourde angoisse en pensant à Emma Bovary et à une triste héroïne de Maupassant prénommée Jeanne. Malgré les cerfs-volants, les paysages grandioses, les cieux teintés de rose et la compagnie de personnes chères...










À Biarritz, ensuite, il n'y eut point de rayon vert à l'horizon. Mais les baignades du matin et du soir près du Rocher de la Vierge, les promenades cheveux au vent, ainsi que les multiples tentations offertes par les pâtisseries du coin ont réveillé un appétit endormi ces dernières semaines, et permis de retrouver un brin de sérénité.








J'ai fini The Bell Jar devant l'océan un soir, pendant l'heure bleue, alors que des silhouettes d'enfants jouant dans l'eau se découpaient dans le paysage. J'ai eu un frisson.

Il est grand temps que cet été se termine.

mercredi 4 août 2010

On prendra la vie comme elle vient (liqueur d'abricot)



Vienne est passée. Paris s'est vidé. Ne reste que l'indolence de ces longues journées d'été.

Il m'a fallu me débattre avec des administrations qui me demandaient des papiers que je n'avais plus ou que je n'avais jamais eus. Moments parfois humiliants face à des employés obtus. Heureusement, sur le chemin du retour, il y a le parc et ses massifs de framboisiers, où l'on trouve toujours quelque trésor à grappiller et à rapporter chez soi, au creux de la main.

J'ai trouvé le réconfort dans des cafés familiers* mais longtemps délaissés, des terrasses ombragées qui donnent l'illusion d'être à la campagne et où l'on peut siroter une citronnade en observant discrètement les moineaux et minuscules rongeurs qui s'affairent au milieu de la végétation, juste derrière soi.

J'ai vu des photos de nus émouvantes. Des rais de soleil traversant un pub londonien, la silhouette d'une petite fille sur une passerelle de la Fondamenta Nuove, des alignements de bureaux dans une Nationalbibliothek est-allemande, des amoureux photographiés à leur insu, de fines gambettes enjambant une flaque d'eau. C'était beau.

J'ai retrouvé les salles de cinéma de ma jeunesse. Celles qui ne sont plus guère fréquentées que par le troisième âge. L'autre jour, avant la séance des Moissons du ciel, petit détour par une librairie. J'y ai trouvé un livre dont j'ignorais l'existence, et j'ai été émue à l'idée de lire les poèmes d'Ariel dans leur version originale, sur une reproduction du manuscrit de Sylvia Plath. Émue aussi d'y découvrir son écriture irrégulière et maladroite. J'ai également mis la main sur deux exemplaires des Carnets de Malte Laurids Brigge, l'un d'occasion et en français, l'autre en allemand, pour le prix de deux pains au chocolat.

Et puis, comme pour tous les pauvres hères qui passent le plus clair de l'été chez eux, il reste Paris Plages et les bords de Seine.





C'est idiot, ce sentiment d'être abandonné de tous durant les mois d'été malgré toutes les cartes postales qui vous parviennent...

On se console avec des futilités joliment emballées et (peut-être) aussi agréables à déguster.

















Dans le vide de ces journées d'été, il y a surtout le retour de Benjamin Biolay, que je n'avais plus écouté depuis des semaines. La playlist du moment (en mode Repeat all) accompagne parfaitement le spleen estival sans le troubler**.

Négatif
Bien avant
Dans la Merco Benz
Dans mon dos
L'histoire d'un garçon
Ma chair est tendre
Même si tu pars
Laisse aboyer les chiens


Liqueur d'abricot comme un umeshu (d'après Just Hungry),
pour trinquer à ce nouveau départ

1 litre de shochu (alcool japonais)
500 g d'abricots pas trop mûrs, lavés et séchés
250 g de sucre de canne en cristaux (bing tang, photo ici)
1 grand bocal d'une contenance de plus d'un litre, stérilisé

Mettre les abricots entiers et le sucre dans le bocal.
Verser le shochu.
Fermer le bocal et l'entreposer dans un endroit frais et sec, à l'abri de la lumière, pendant au moins 6 mois, l'idéal étant entre 1 et 2 ans. Remuer le bocal de temps en temps.
À déguster frais, avec des glaçons.





Dans le même élan, j'ai commis une liqueur de fraise (ichigoshu), mais le résultat n'est pas aussi satisfaisant...

La prochaine fois, je vous parlerai d'une ville qui m'est chère.

******

* Ne croyez pas qu'il s'agisse du Loir dans la théière. J'ai beaucoup chanté les louanges de ce salon de thé, devenu aujourd'hui infréquentable : les gâteaux sont de plus en plus décevants (surtout la tarte à l'orange), le chocolat chaud moins bon qu'autrefois et le service parfois exécrable (selon la personne sur qui vous tombez).

** J'ai certes un fort penchant à la monomanie, mais si mon poulet n'avait pas eu l'idée d'écouter le vinyle de La Superbe il y a quelques jours, je n'aurais pas replongé aussi brutalement.