samedi 27 août 2011

Les jours oisifs et le Yashica


Il n'y a pas eu de départ ; il n'y a pas eu de retour.

Il y a eu le canapé, les siestes et les lectures.
La radio autrichienne en fond sonore.
Les séances de ciné et de piscine matutinales.
Et aussi de longues heures à ma terrasse préférée.




















Je n'ai rien fait de cet été.

vendredi 5 août 2011

Le bruit blanc de l'été (de l'anatomie des wagashi à la sauce tomate)


Chaque année depuis la fin de la thèse, l'été revient sous la même forme oisive et indolente. Je ne l'ai pas cherché, c'est ainsi. À la joie de pouvoir me consacrer tout entière à ce que j'aime — lecture, cinéma, dessin, photo, dans le désordre — succèdent très vite les questionnements, le doute, l'angoisse. Ai-je ma place dans ce monde du travail ? Saurai-je m'adapter et apprendre à nouveau encore et encore ? Serai-je assez efficace, performante, proactive (sic) ? J'avoue qu'une certaine lassitude m'envahit à l'idée de devoir tout recommencer une fois de plus. Si vous saviez comme c'est épuisant.

Durant cet été vide et dépeuplé, ce sont des personnages de cinéma qui me tiennent compagnie le plus clair du temps. Parmi eux, Camille et sa solitude, qui a résonné en moi si fort ; Victor, raté magnifique en quête de salut, et sa fille Pamela, adolescente sensible prête à pardonner ; mais aussi et surtout la petite Laure/Michaël, touchant et troublant tomboy dans le film éponyme de Céline Sciamma, le plus éblouissant, sans doute, que j'ai vu cette année. Il y a une mélancolie infinie dans le regard bleu ciel de Laure/Michaël, et au-delà de tout ce que j'ai aimé dans cette histoire — les moments de complicité et de tendresse entre sœurs, les subterfuges pour paraître crédible en garçon, l'attirance de Lisa pour Michaël — , j'ai été très émue par cette scène finale qui sonne comme une seconde chance. Pleine d'espoir et de promesses.

De cet été, j'ai aussi envie de garder en mémoire ce très long trajet en bus, un jour de déluge, durant lequel je me suis plongée dans la lecture d'un livre fantastique (merci Cléo de m'avoir convaincue) en grignotant un escargot citron-nougat de chez qui-vous-savez. Et puis ce moment fugace dans les couloirs du métro, où j'ai eu des frissons plein la peau en entendant au loin la mélodie de Liang Zhu jouée au erhu (une version roots & amateur ici) : l'été 1998 m'est revenu en mémoire, la chaleur et la moiteur de Pékin, les matinées studieuses à l'Académie des Sciences Sociales, les plats de la cantine à aller chercher avec sa propre gamelle (en acier émaillé), les explorations solitaires, les moments de calme et de sérénité dans les temples... Le musicien chinois a levé la tête à mon passage, et esquissé un sourire.

Avant d'entrer dans le noyau dur de l'été — le noyau dur de l'été, c'est quand tous vos amis sont partis en vacances, et que vous vous cassez le nez devant tous vos commerces préférés, qui ont baissé leur rideau —, avant le noyau dur de l'été, donc, il y aura tout de même eu un pique-nique japonais réjouissant, avec une dégustation surprise de wagashi orchestrée par une amie qui commence à bien me connaître. Mais aucune de nous deux n'eut le cœur à disséquer le petit poisson.






(Bon, c'est sûr, il faut aimer les azuki...)

Là où je profite pleinement de la saison estivale, c'est avec les yaourts du matin truffés de fruits rouges, et l'arrivée de belles tomates savoureuses qui, coupées en petits dés, accompagnent à merveille les spaghetti, ou bien permettent de faire une sauce du tonnerre : Pim a trouvé un truc pour qu'elle ait un bon goût de tomate fraîche en plus d'être assez rapide à préparer, car il n'y a pas de long mijotage. C'est le quatrième été où nous nous régalons de cette super sauce tomate, il était peut-être temps que je vous en parle.

La super sauce tomate de Pim (sa recette en images ici)


pour 2 personnes

1,1 kg de tomates mûres (environ 8 tomates de taille moyenne, ou 3 belles Marmande ou cœurs de bœuf)
2 grosses ou 3 petites gousses d'ail
2 c.c. de sucre
1/2 c.s. de vinaigre balsamique (facultatif)
1/2 à 1 c.c. de piment d'Espelette
huile d'olive
sel, poivre

Inciser les tomates, les ébouillanter environ 30 secondes, les passer sous l'eau froide et les monder (ou bien les peler directement avec un Zyliss).
Couper les tomates en deux et les presser pour enlever l'eau de végétation et les pépins (ce n'est pas grave s'il en reste un peu : il paraît que c'est dans les pépins que réside tout l'umami des tomates), puis les concasser.
Dégermer et hacher les gousses d'ail.
Dans une grande poêle ou sauteuse, faire chauffer un peu d'huile d'olive à feu moyen puis ajouter l'ail haché.
Ajouter rapidement les tomates ainsi qu'une pincée de sel, et laisser cuire à feu vif jusqu'à ce que l'eau se dissocie de la pulpe.
Retirer la pulpe à l'aide d'une écumoire et laisser réduire le jus jusqu'à ce qu'une cuillère en bois laisse une marque nette au fond de la poêle.
Remettre la pulpe dans la poêle.
Saler, poivrer, ajouter le vinaigre balsamique, le sucre et le piment d'Espelette, et bien mélanger.