mercredi 19 février 2014

Minä muistan...




Raconter comment j'ai atterri seule à Helsinki au beau milieu de l'hiver serait un peu long. Mais voilà, j'avais très envie de revenir sur mes pas, de remonter le temps jusqu'à cet été lointain de 2001 où j'avais posé mes valises là-bas pour un mois. Il me semble que je vous ai déjà raconté des bribes de ce séjour : les cours de finnois le matin, les balades l'après-midi, les trajets en tram, les nuits claires et le sommeil troublé, l'escapade à Tallinn, le karaoké finlandais sur le ferry, la nuit passée aux urgences avec ma colocataire d'alors, la lecture des Mémoires d'Hadrien. C'était bien.

J'ai voulu de nouveau remuer les souvenirs, vérifier que je n'avais pas rêvé tout cela.





















 




Les retrouvailles furent étranges. J'ai arpenté, carnet et appareil photo en main, cette ville à la fois familière et étrangère. Familière par tous ces lieux que j'avais aimés : le Lasipalatsi (Palais de verre), l'Akateeminen kirjakauppa (Librairie Académique), le musée Kiasma, le quartier de Kaivopuisto... Et étrangère par toute cette neige, ce verglas, ces nuances monochromes contrastant avec la lumière et les couleurs éclatantes de l'été.

Justement, en arrivant à Kaivopuisto, mon cœur s'est soulevé de joie face à la blancheur du paysage. La balade en bord de mer fut une source d'émerveillement et de ravissement sans fin. J'ai marché, marché, en contemplant cette immensité blanche autour de moi : terre et mer enfouies sous une même couche de neige, sans que l'on puisse distinguer la fin de l'une ou le début de l'autre. J'ai traversé un petit pont verglacé  — vraiment, quelle idée fantastique d'être venue avec mes bottines à talons — et me suis retrouvée sur un îlot désert dont j'ai fait le tour à tout petits pas, ce qui m'a évité de finir les quatre fers en l'air.

Je n'oublierai pas non plus mes visites à la piscine d'Yrjönkatu. Je m'étais renseignée au préalable et savais que l'on pouvait y nager nu — ce qui était d'ailleurs obligatoire jusqu'en septembre 2001. Je le savais, et ce fut malgré tout un choc. Le bassin et ses coursives, avec tous ces corps dénudés, me firent une impression de sensualité et de volupté que je n'avais eue dans aucune autre piscine. Certaines se déshabillaient tranquillement devant leur casier, exposant leur nudité aux yeux de toutes, tandis que d'autres sortaient des douches, en maillot de bain ou sans rien. À l'étage, des femmes en peignoir étaient attablées et sirotaient une boisson en discutant entre copines. Cela ne ressemblait à rien de ce que je connaissais, mais ma présence dans ces lieux m'est apparue comme une évidence. Je m'y suis sentie bien tout de suite. Si bien que la fois suivante, j'ai moi aussi retiré mon maillot afin de goûter au plaisir de nager nue — et vous savez à quel point j'aime nager. Quel pied !

Et puis, treize ans après, je continue à faire les mêmes photos...










 





C'est sûr, je reviendrai.