mercredi 4 août 2010

On prendra la vie comme elle vient (liqueur d'abricot)



Vienne est passée. Paris s'est vidé. Ne reste que l'indolence de ces longues journées d'été.

Il m'a fallu me débattre avec des administrations qui me demandaient des papiers que je n'avais plus ou que je n'avais jamais eus. Moments parfois humiliants face à des employés obtus. Heureusement, sur le chemin du retour, il y a le parc et ses massifs de framboisiers, où l'on trouve toujours quelque trésor à grappiller et à rapporter chez soi, au creux de la main.

J'ai trouvé le réconfort dans des cafés familiers* mais longtemps délaissés, des terrasses ombragées qui donnent l'illusion d'être à la campagne et où l'on peut siroter une citronnade en observant discrètement les moineaux et minuscules rongeurs qui s'affairent au milieu de la végétation, juste derrière soi.

J'ai vu des photos de nus émouvantes. Des rais de soleil traversant un pub londonien, la silhouette d'une petite fille sur une passerelle de la Fondamenta Nuove, des alignements de bureaux dans une Nationalbibliothek est-allemande, des amoureux photographiés à leur insu, de fines gambettes enjambant une flaque d'eau. C'était beau.

J'ai retrouvé les salles de cinéma de ma jeunesse. Celles qui ne sont plus guère fréquentées que par le troisième âge. L'autre jour, avant la séance des Moissons du ciel, petit détour par une librairie. J'y ai trouvé un livre dont j'ignorais l'existence, et j'ai été émue à l'idée de lire les poèmes d'Ariel dans leur version originale, sur une reproduction du manuscrit de Sylvia Plath. Émue aussi d'y découvrir son écriture irrégulière et maladroite. J'ai également mis la main sur deux exemplaires des Carnets de Malte Laurids Brigge, l'un d'occasion et en français, l'autre en allemand, pour le prix de deux pains au chocolat.

Et puis, comme pour tous les pauvres hères qui passent le plus clair de l'été chez eux, il reste Paris Plages et les bords de Seine.





C'est idiot, ce sentiment d'être abandonné de tous durant les mois d'été malgré toutes les cartes postales qui vous parviennent...

On se console avec des futilités joliment emballées et (peut-être) aussi agréables à déguster.

















Dans le vide de ces journées d'été, il y a surtout le retour de Benjamin Biolay, que je n'avais plus écouté depuis des semaines. La playlist du moment (en mode Repeat all) accompagne parfaitement le spleen estival sans le troubler**.

Négatif
Bien avant
Dans la Merco Benz
Dans mon dos
L'histoire d'un garçon
Ma chair est tendre
Même si tu pars
Laisse aboyer les chiens


Liqueur d'abricot comme un umeshu (d'après Just Hungry),
pour trinquer à ce nouveau départ

1 litre de shochu (alcool japonais)
500 g d'abricots pas trop mûrs, lavés et séchés
250 g de sucre de canne en cristaux (bing tang, photo ici)
1 grand bocal d'une contenance de plus d'un litre, stérilisé

Mettre les abricots entiers et le sucre dans le bocal.
Verser le shochu.
Fermer le bocal et l'entreposer dans un endroit frais et sec, à l'abri de la lumière, pendant au moins 6 mois, l'idéal étant entre 1 et 2 ans. Remuer le bocal de temps en temps.
À déguster frais, avec des glaçons.





Dans le même élan, j'ai commis une liqueur de fraise (ichigoshu), mais le résultat n'est pas aussi satisfaisant...

La prochaine fois, je vous parlerai d'une ville qui m'est chère.

******

* Ne croyez pas qu'il s'agisse du Loir dans la théière. J'ai beaucoup chanté les louanges de ce salon de thé, devenu aujourd'hui infréquentable : les gâteaux sont de plus en plus décevants (surtout la tarte à l'orange), le chocolat chaud moins bon qu'autrefois et le service parfois exécrable (selon la personne sur qui vous tombez).

** J'ai certes un fort penchant à la monomanie, mais si mon poulet n'avait pas eu l'idée d'écouter le vinyle de La Superbe il y a quelques jours, je n'aurais pas replongé aussi brutalement.

29 commentaires:

Natalia a dit…

Les Mandelbärli font joliment écho au titre du blog. Je pense que j'aimerais assez cette liqueur d'abricot bien que je n'aie encore jamais goûté au shochu. Sinon, je partage ce sentiment d'abandon et de vide estival... malgré des journées qui ne n'ont rien de flâneries...
Longue vie à la peau d'ourse !

Gracianne a dit…

A la tienne, MM!
A la renaissance, et aux vacances, toujours trop courtes.

7toutestbeauchezlapeau a dit…

oh oui, j'adore l'umeshu. Mais je n'aurais jaaaaamais la patience d'en faire. jamais. Déjà laisser refroidir des gateaux c'est l'horreur alors attendre un an. Impossible.

Et sinon, je te donnerais une tonne de petits oursons pour échanger nos été (oui oui cet été délicieux qu'est le mien, entre ma thèse et sa thèse, à regarder tomber la pluie, à rêver d'un nouveau fauteuil de bureau tellement j'ai mal au dos et tellement c'est trop le bon alibi pour faire autre chose que travailler ... jte jure que cela vaut les demandes déprimantes de paplards et le sentiments de l'ultra moderne solitude).

T'embrasse.

Lili a dit…

hé, mais ce nouveau blog commence à se faire très accueillant!
Ma boisson pour attendre les vacances, c'est un souvenir des grandes tablées charentaises à l'ombre des grands arbres quand j'étais petite fille : des pêches ou nectarines bien mûres avec du vin rouge ou du monbazillac, et éventuellement un peu de sucre roux.

LaureVR a dit…

Je ne connais que les Manner et n'aime pas ça du tout...

Par contre, j'adore l'Elan, elle est splendide cette photo! Et puis Sylvia Plath... voir son écriture ce serait un peu comme te croiser un jour à Paris...

L.

déjà que croiser "MM" sur les commentaires de Loukoum, ça m'a fait un coup! ;-)

Gracianne a dit…

Oh, rien que de lire ce commentaire de fratnat me donne soif de bon matin :)

la. a dit…

Bachmann :)

Ah ben! Je ne savais pas qu'on pouvait acheter les oursons Julius Bär. J'ai travaillé à un Festival de musique classique sponsorisé par Bär (la banque, donc), du coup, on en avait tout plein, de ces oursons aux amandes. Et mioum!

L'oeuf qui chante a dit…

Je trouve moi aussi Paris bien vide en ce mois d'Août. Heureusement, après une période très creuse, le travail reprend, je n'ai pas le temps de voir ce qui me manque...
Tu as réussi à dénicher ces oursons finalement ! J'aime beaucoup la bouteille de lait concentré, et les packaging superbes du chocolat bio (comment est celui à la pistache ?).
L'umeshu, c'est divin, mais attendre un an, c'est dur... Très belle photo de danse d'abricots.
Oh, et est-ce que je peux te demander où tu as trouvé ce livre en VO ? Je lis beaucoup en anglais, mais je ne connais aucune librairie anglophone à Paris (en dehors du WH Smith près des tuileries, mais ça manque incroyablement de charme...).

patoumi a dit…

L'oeuf qui chante: Sylvia Plath en VO et tous ses amis sont par exemple à I love my blender, rue du Temple.

Lili a dit…

J'adore cette librairie tout à côté de ma bibliothèque, parfaite pour mes pauses déjeuner, mais je n'y vois jamais personne (et m'accuse alors de souvent préférer Amazon pour mes achats en VO)

L'oeuf qui chante a dit…

Patoumi : Merci ! Décidément, Paris n'a pas de secrets pour toi on dirait :)

Flo Bretzel a dit…

Je viens de passer quelques jours à flâner dans Paris en touriste et j'avoue, j'aime toujours autant cette ville au mois d'août. Dis, je ne peux pas m'abonner au flux RSS de ton nouveau blog, c'est normal?

Mingou a dit…

Natalia : Je n'y avais même pas pensé, tu vois :-)
Je n'ai jamais bu de shochu nature, mais uniquement en umeshu.

Gracianne : Merci !

Emilie : Il suffit d'avoir une autre bouteille d'umeshu pour patienter ;-)
Je ne suis pas sûre de vouloir me retrouver de nouveau en phase de rédaction de thèse, je vais garder mon spleen estival à moi...
Courage quand même :-)

Fratnat : Merci !
Je connais la version abricot-vin rouge du Languedoc, c'est assez proche.

LaureVR : Moi, j'aime bien les Manner, mais c'est lié à beaucoup de souvenirs...
Il va falloir se faire au nouveau pseudo et au reste ;-)

Gracianne : :-)

Lavinie : Je reviens toujours vers les poèmes de Bachmann. S'il ne devait rester qu'un seul auteur, ce serait elle, sans hésitation.
Julius Bär ? Connais pas...

L'oeuf qui chante : En fait, j'aime bien le mois d'août à Paris, mais il y a quand même beaucoup de commerces fermés... Si on reste à Paris, on se sent un peu abandonné par moments...

Pour les librairies anglophones, il y a bien sûr I love my blender, mais je crois qu'on n'y trouve que des auteurs anglophones (en VO et en français), et il y a aussi pas mal de gadgets.
Une librairie que j'aime beaucoup, qui a beaucoup de charme et où les livres s'empilent dans un joyeux bordel : The Red Wheelbarrow, au 22 rue Saint Paul, dans le Marais. C'est là que j'ai trouvé mon joli exemplaire de The Bell Jar.
Entre parenthèses, à quelques numéros de là, il y a une épicerie américaine : Thanksgiving.
Et si mes souvenirs sont bons, il y a une autre librairie anglophone dans le coin, rue Charles V (une rue perpendiculaire).
Et puis, il y a l'incontournable Shakespeare & Co à Saint Michel.

Flo Bretzel : Hum, non, ce n'est pas normal... Mais je ne saurai pas te dire pourquoi...

patoumi a dit…

Ah ah des gadgets! Je t'entends encore me dire il y a quelques mois "Comment, tu connais pas I love my blender?"
La vie a effectivement changé.
(mais c'est quand même là que j'ai acheté il y a quelques temps déjà le Sylvia Plath dont tu parles)

Artsakountala a dit…

Contente de te lire ! J'ai fini de lire La cloche de détresse il y a quelques jours. C'est un roman (difficile de trouver le qualificatif qui convient) qui me marquera. Cela doit être effectivement touchant de lire et voir l'écriture de SP.
Moi aussi, j'aime ces emaballages (en particulier celui de la bouteille de lait).
Merci pour ce nouveau billet, MM (Meilleure Marmiton, Magnifique Minette, Machin Machine, Mi-figue Mi-raisin ?) :-)

@Oeuf qui chante : il me semble qu'il existe une librairie anglophone près de l'Opéra. Celle de Saint-Michel est à voir absolument !

Artsakountala a dit…

PS : BB, on ne peut pas s'en lasser ;-)

Artsakountala a dit…

PS : BB, on ne peut pas s'en lasser ;-)

Mingou a dit…

Artsakountala : Je ne l'ai pas encore fini. J'ai lu 60 pages d'un coup il y a quelques jours, mais je stagne de nouveau - je me suis aussi interrompue pour relire des passages du Monde selon Garp et Alte Meister (Maîtres anciens ?) de T. Bernhard.
MM, ça peut être MingouMango tout simplement :-)

(J'imagine que tu veux parler de Brentano's. Je me demande si elle existe encore... Pour ma part, je n'y suis jamais entrée.)

L'oeuf qui chante a dit…

Merci MM pour toutes ces chouettes adresses à explorer ! Et merci à toi aussi Artsakountala. Je viens de regarder et Brentano's (la librairie près de l'Opéra) a effectivement fermé en juin 2009 après liquidation judiciaire (http://fr.wikipedia.org/wiki/Brentano%27s). C'était la plus ancienne librairie anglophone de Paris, c'est dommage...

Artsakountala a dit…

Crotte alors ! Il me semblait pourtant d'y avoir fait un tour, il y a quelques mois. C'est peut-être alors une papeterie qui a conservé le nom. Sinon, il y en a une (et celle-ci n'est pas fermée) rue de Rivoli (donc, juste à côté du quartier japonais) et elle est extra. Mais peut-être qu'elle a déjà été citée.

@MM : j'avais reconnu sous le signe du double M ton surnom (que j'aime beaucoup d'ailleurs). C'était juste pour plaisanter, M au carré :-)

Gracianne a dit…

@Artsakountala, celle dont tu parles, c'est Galignani, elle est effectivement tres bien, dans un grand expace haut de plafond, de belles etageres en bois, beaucoup de livres d'art et une tres belle selection de livres en anglais. je suis passee devant tout a l'heure donc je confirme qu'elle est toujours au 224 ru de Rivoli.

Mingou a dit…

L'oeuf qui chante : Il me semblait bien qu'elle avait fermé...

Artsakountala : Et pourquoi pas Miam Miam ? ;-)

Gracianne : Je vois très bien cette librairie, je m'arrête systématiquement devant la vitrine, mais là non plus, je n'y suis jamais entrée...

Artsakountala a dit…

@ MM : ben, je n'y avais même pas pensé ... miam-miam !!! :-D

@ Gracianne : Oui, c'est bien celle-là ! Lorsque je vivais à Paris (il y a encore 4 mois de cela), j'adorais aller dans cette librairie, après avoir traversé la Seine, puis le jardin des Tuileries pour rejoindre le quartier de l'Opéra (boum boum ... j'ai le coeur qui bât).

Anonyme a dit…

je vous ai retrouvée!je vous ai retrouvée!je vous ai retrouvée!je vous ai retrouvée!je vous ai retrouvée!je vous ai retrouvée!je vous ai retrouvée!trop contente! trop contente!trop contente!trop contente!trop contente!trop contente!
(c'est drole parce qu'en y pensant c'est exactement comme ca que j'ai reagit en tombant par hasard sur un lien, et clic clic et voila!!) Maintenant je vous suis à la trace peau d'ourse!!! belle route!

loukoum°°° a dit…

héhé, le dernier commentaire est trop fort! :)
(à mon avis y'en a encore un bon nombre qui "te cherche")

Anonyme a dit…

Loukoum a raison. Trop fort le commentaire "Je t'ai retrouvée" !!!!!!!!
Vous pensiez nous semer en changeant simplement d'URL après avoir tout fait pour laisser des traces durables du sur la Toile !!! Soit c'est de la pure candeur, soit c'est un jeu de cache-cache dans lequel vous espérez, au bout du compte, qu'on vous retrouvera ;-) (alors donc, MM serait mis pour Mingoumango ? Mais rien qu'avec ça il suffit de taper dans Google et on vous retrouve illico !!!)

Mingou a dit…

"Anonyme" : Quelle joie de trouver un tel commentaire :-) Merci ! Merci ! Merci !

Loukoum°°° : Absolument d'accord. J'espère que ceux qui me cherchent encore sauront me trouver au moins chez mes amies ;-)

"Anonyme" : En fait, je veux juste semer la belle-famille (elle croit que j'ai arrêté de bloguer, donc j'ose espérer que c'est gagné). J'espère que les autres me retrouveront...

Chrystel a dit…

Moi aussi je t'ai retrouvée !!! Cool... Bon, je n'ai rien d'intéressant à rajouter si ce n'est que j'ai lu les billets de ton nouveau blog et qu'ils me plaisent aussi... Longue vie à la peau d'ourse ;-)

Mingou a dit…

Chrystel : Bienvenue ici ! Et merci pour ton enthousiasme :-)