lundi 23 décembre 2013

Un automne




















L'autre jour, je suis allée chercher les tirages de ma toute dernière pellicule, entamée en Corse il y a plus de trois mois déjà. À ma grande surprise — car ce n'était pas intentionnel —, je n'y ai découvert quasiment que des arbres, des feuilles et des fruits.
Jamais mon attirance pour les feuilles d'arbres et les sols d'automne n'avait été aussi flagrante, je crois.

mardi 26 novembre 2013

Mille tristesses découlent de l'instant

Il y a une semaine, j'ai enterré ma grand-mère. Et avec elle, toutes les joies d'un mois d'octobre fabuleux — si fabuleux, si dense que je n'ai pas trouvé le temps de vous en parler.
On n'aime jamais assez ses grands-parents de leur vivant. On les croit éternels parce qu'ils ont toujours été là et que leur existence va de soi. Mais un jour, on se rend compte qu'ils ne le sont pas, éternels. On se retrouve d'un seul coup à surveiller les battements de leur cœur, le rythme de leur respiration dans un lit d'hôpital. On leur tient la main, et on la caresse longtemps, longtemps, cette main encore chaude et vivante, et on leur murmure des mots que l'on n'a pas assez dits jusqu'alors. On se sent tout petit, et impuissant, et perdu. Surtout au moment où tout s'arrête.
Et la vie continue, malgré tout. Le travail vous happe à nouveau, vous faites des projets, vous rêvez à vos prochaines vacances, vous rigolez avec les copains, comme si de rien n'était. Presque.

lundi 18 novembre 2013

À ma grand-mère



Une pensée pour elle (sans jolies phrases ni pathos).

mardi 1 octobre 2013

Days of heaven (in Corsica)




Je ne l'ai pas tout de suite reconnue. La Corse, je l'avais connue par son littoral, ses côtes escarpées, ses criques désertes, ses eaux turquoise. Mais tout cela n'était qu'une infime partie de sa beauté.

Nous avons passé plusieurs jours dans les montagnes, à crapahuter, à nous promener le long des cours d'eau en boulottant des mûres sauvages, et à pique-niquer sur les rochers. Lui s'est baigné presque systématiquement dans ces eaux transparentes et glacées, moi une seule et unique fois.

Je me souviendrai longtemps de ce jour où nous avons découvert, au bout d'un long long chemin de montagne, caché derrière des pins laricio, un lac couvert de nénuphars par endroits et des petits cochons roupillant à l'ombre des pins. Un moment de calme et de sérénité que nous avons savouré pleinement.
Ce que nous avons savouré pleinement aussi, ce sont les 9 boules de glace que nous nous sommes partagées à la terrasse de chez Geronimi, mon nouveau glacier préféré : myrte, farine de châtaigne, betterave & framboise, agrumes, fraise, figue et 3 boules de pamplemousse rose. Laissez-moi vous dire à quel point sa glace à la farine de châtaigne, entre autres, est une merveille de douceur, et son sorbet au pamplemousse rose la ***QUINTESSENCE *** du fruit, la perfection faite sorbet. J'en aurais voulu encore et encore et encore.
Il y eut aussi un bout de nuit à la belle étoile suivi d'une matinée entière au bord de la Restonica à écouter le clapotis de l'eau, une autre nuit passée dans un couvent, et puis de longues baignades en mer, et une très chouette balade dans les hauteurs de Centuri avec un vent à décorner les bœufs. Et tant de choses encore.

J'en suis terriblement nostalgique.






































lundi 19 août 2013

Menus plaisirs du mois d'août (les légumes de Joël, les tapas impromptus et les blueberry buckles d'anniversaire)



Le premier jour où j'ai pensé que l'été pouvait être chouette en fin de compte, c'était le premier samedi d'août. D'abord, une balade vespérale au parc de Belleville sous un soleil très doux. Tout en haut du parc, les gens se prélassaient sur l'herbe et des enfants jouaient dans le petit bassin aux jets d'eau. Quant à nous, nous nous amusions à deviner quels monuments se présentaient face à nous, dans cette vue panoramique de Paris —  son sens de l'orientation totalement hasardeux m'a bien fait rire.
Un peu plus tard, nous avons dirigé nos pas vers la Bellevilloise, où mon poteau L. donnait avec son groupe un concert de samba. Lorsque la musique a démarré, les gens ont afflué à l'intérieur de la salle. Attablés, avec un verre de caïpirinha, nous avons regardé les gens danser. J'ai eu l'impression d'être loin de Paris, loin du quotidien et des aléas du travail. Une parenthèse joyeuse en cet été morne et pénible — pour moi, l'été est toujours morne et pénible.

Le week-end suivant fut solitaire. Samedi matin, j'ai filé tôt au marché de l'Alma — 40 min de trajet en bus et métro tout de même — pour acheter des tomates chez Joël Thiébault. Je suis devenue folle en découvrant ses somptueux étals : j'ai rempli mon panier de plus de 3 kg de Noire de Crimée, Cœur de Bœuf, Ananas, Green Zebra, qui ont fait des salades, des sauces et des pâtes à se damner. Je n'ai pas résisté non plus aux aubergines, aux courgettes jaunes, aux petits poivrons violets et jaune pâle... Et bien sûr, impossible de quitter le stand sans un beau bouquet de basilic pour le pesto et les salades de tomates. Bonheur absolu de voir que Joël Thiébault ne vous abandonne pas, même en plein milieu du mois d'août — j'aime particulièrement le fait qu'il vous tend vos sacs de légumes en vous souhaitant "bonne cuisine alors !". M'est avis qu'il faudrait aller visiter son stand beaucoup, beaucoup plus souvent.

Samedi dernier, après avoir traînassé jusqu'en début d'après-midi, puis découvert le rideau baissé aux Rois de la Frite, nous avons atterri un peu par dépit à L'Avant-Comptoir pour acheter des crêpes à emporter — ce que nous avons fait. Puis, en voyant la minuscule salle quasi vide et les pancartes au plafond annonçant plein de choses irrésistibles, nous avons posé nos crêpes au chocolat sur le comptoir pour pouvoir goûter enfin à ces tapas/pintxos dont Camille avait fait l'éloge. Le choix fut cornélien, mais bon : il a adoré la friture d'alevins, et nous avons adoré tous deux les txistorras avec leur coulis de piquillos, les croquettes un peu grassouillettes au jambon Ibaiona et le tataki de thon avec les paillettes de piment d'Espelette flottant sur l'espuma. Un mini festin. Je regrette de ne pas avoir dessiné le verre de vin avec le petit cochon dessus... disons que ce sera pour la prochaine fois.



Le gâteau de ce mois d'août est sans conteste le blueberry buckle. J'avais gardé le souvenir d'une recette vue chez Lilo il y a quelques années déjà mais, j'ignore pourquoi, je ne l'avais jamais essayée... Il aura fallu attendre l'anniversaire de mon poteau L. pour que je me lance enfin. Malheureusement, tout ne s'est pas passé comme prévu : la pâte, en gonflant, a recouvert quasiment tout le topping ; je me suis donc pointée au bureau avec un gâteau raté.
Pas vaincue, j'ai refait un essai quelques jours plus tard, en augmentant la quantité de myrtilles, et là, miracle, la pâte n'a pas bougé.
L'anniversaire d'un autre collègue fut l'occasion de réparer le ratage initial.

Blueberry buckle
(adapté de la recette trouvée chez Lilo)


pour un moule de plus de 23 cm de diamètre

Pour le gâteau :
120 g de beurre mou
130 g de sucre blond de canne (initialement : 150 g)
1 œuf
200 g de farine
1/2 sachet de levure
1 pincée de sel
120 ml de lait
450 g de myrtilles (ici : surgelées ; initialement : 600 g)

Pour le topping :
100 g de farine
100 g de sucre blond de canne
60 g de beurre
1 pincée de cannelle (initialement : 1 c.c. rase)

Préchauffer le four à 180 °C.
Dans un grand bol, mélanger vivement le beurre et le sucre, puis ajouter l'œuf.
Incorporer la farine, la levure, bien mélanger.
Ajouter enfin le lait, et finir avec une pincée de sel.
Verser la pâte dans un moule beurré ou tapissé de papier cuisson.

Dans un autre bol, mélanger la farine, le sucre et la cannelle.
Ajouter le beurre coupé en dés.
Travailler la pâte du bout des doigts comme pour un crumble.
Rassembler les "miettes" en boules en les pressant dans la main.

Laver et sécher les myrtilles si elles sont fraîches, sinon les verser directement sur la pâte (sans les décongeler).
Il faut une couche de myrtilles bien épaisse pour que la pâte en-dessous ne bouge pas trop pendant la cuisson.
Répartir le topping en "pépites" (et non pas en miettes — c'est important, car trop petites, elles vont fondre dans le jus des myrtilles) et enfourner entre 45 min et 1h05, à adapter selon son four (pour moi : 1h05, alors que dans la version de Lilo, c'est plutôt 45 min). Ce n'est pas trop grave si le gâteau cuit un peu plus que nécessaire, l'humidité des myrtilles est là pour compenser, et la croûte du dessus sera bien croustillante.
À déguster tiède, c'est vraiment là qu'il est le meilleur.


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Il y a quelques semaines, j'ai eu le plaisir de répondre à quelques questions pour le site Guide Évasion  — oui, oui, c'est bien un site sur les voyages et non sur le manger, il n'y a pas d'erreur. L'interview se trouve — et vous pourrez constater que je radote beaucoup.

mercredi 24 juillet 2013

Jours de torpeur (des sandwiches, des aubergines et de quoi se rafraîchir)



Le matin, je me réveille en sueur, après une nuit passée à lutter contre la chaleur étouffante et les moustiques, qui se font des festins sur mes cuisses dodues et sucrées — visiblement, elles ont trouvé en moi leur caviar. Quand retrouverons-nous enfin des températures décentes ? J'aimerais tant pouvoir me planquer chez moi, au frais, pratiquer l'estivation comme les escargots et les coccinelles ; ces petites bêtes ont tout compris.
Ces temps-ci, j'aime bien sortir plus tôt pour prendre mon petit déjeuner dehors avant d'aller travailler, me poser quelque part, croquer dans un croissant, siroter un jus de fruit frais ou un lait chocolaté froid devant un livre ou un carnet à remplir — dire que je n'ai TOUJOURS PAS fini mon carnet d'Islande, presque deux mois après mon retour, non mais quelle nulle !
Et puis, le travail, puisque j'ai encore un travail — la vérité, c'est que la charrette est passée tout près et que je devrais être contente de continuer à bricoler des arbres de dépendance... mais pour combien de temps encore ? Mon rêve est en train de s'effriter petit à petit, et les questionnements existentiels de toujours refont surface. Qui suis-je ? Où vais-je ? Où cours-je ? 
Décidément, le nirvana aura été de courte durée. Désormais, il s'agit de profiter au maximum du Lafayette Gourmet, de Kooka Boora, des bentos délicieux de Ma Kitchen, des Pâtes Vivantes, et de toutes ces fabuleuses cantines dans et autour du 9ème. Il y a quelque temps, j'ai adoré le Midnight Cuban de chez Verjus, un sandwich garni d'une viande super juteuse et savoureuse, dégusté sur un banc des jardins du Palais Royal en compagnie de mes deux poteaux geeks — c'était tellement juteux que nous avons été deux à nous tacher, qui la robe, qui le pantalon. Mais la préparation de nos trois sandwiches ayant nécessité pas moins de 30 minutes, cela n'incite pas forcément à y retourner — en même temps, quand on découvre les sandwiches emballés comme des paquets cadeaux, on comprend pourquoi l'attente est si longue. Mais, hum... est-ce bien nécessaire ?
La semaine dernière, j'ai retrouvé ma chère Gracianne dans la rue du Nil, où nous avons partagé un sandwich au pulled pork et un Reuben (au pastrami), tous deux très bons. Alors que j'y suis allée les mains vides, elle m'a gentiment apporté son exemplaire de A Storm of Swords, que je me suis empressée de compulser une fois rentrée chez moi, à la recherche du chapitre du Red Wedding. Je ne m'explique pas l'obsession qui s'est emparée de moi. J'ai écumé le Wiki cet hiver, revu les trois saisons de Game of Thrones à la suite ces dernières semaines, j'ai eu la gorge nouée en voyant Ned Stark se faire décapiter une nouvelle fois, j'écoute en boucle The Rains of Castamere, et je ne comprends rien à cette passion dévorante, cette addiction sévère, car je n'ai jamais été attirée par le genre du medieval fantasy. Que m'arrive-t-il ??

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Le week-end dernier, je n'ai trouvé l'énergie de quitter mon canapé et mon ventilateur que pour :

1) attraper un paquet de chips John & John, les **MEILLEURES** jamais goûtées — surtout les N°4 —, avec un goût extra de pomme de terre, et qui feraient presque passer les Tyrells pour de la marchandise bas de gamme ; si je pouvais mettre la main sur des N°5, quel bonheur ce serait ;

2) cuisiner les aubergines à la Parmigiana comme Gracianne, qui est trop forte pour vous donner faim ;

Aubergines à la Parmigiana (recette trouvée chez Gracianne)


pour 3 personnes

2 aubergines
1 oignon
2 gousses d'ail
1 boîte de tomates concassées (ou des tomates fraîches pelées et concassées en saison)
1 c.c. de concentré de tomates (facultatif)
origan
basilic frais
1 feuille de laurier
2 piments oiseaux
1/4 de verre de vin blanc sec
2 boules de mozzarella
un peu de parmesan
huile d'olive
sel, poivre

Préchauffer le four à 250 °C (à ajuster selon les fours).
Couper les aubergines en tranches épaisses sur leur longueur.
Huiler légèrement une plaque de cuisson et y disposer les tranches.
Saler, poivrer et verser un filet d'huile d'olive sur chaque tranche.
Enfourner pour 20-30 minutes, jusqu'à ce que les tranches soient grillées.

Pendant ce temps, préparer la sauce tomate.
Faire revenir doucement l'oignon ciselé, jusqu'à transparence, dans un petit peu d'huile d'olive avec la feuille de laurier et les piments oiseaux.
Ajouter l'ail haché, laisser revenir 1 minute.
Ajouter un fond de vin blanc et laisser évaporer 1 minute.
Ôter les piments, ajouter les tomates concassées, et le concentré de tomates si besoin.
Saler, poivrer.
Parfumer d'origan et de basilic.
Couvrir et laisser mijoter à feu doux pendant 30 minutes.

Égoutter la mozzarella et la couper en dés.
Baisser la température du four à 200 °C.

Huiler légèrement une grande plaque de cuisson.
Y verser un fond de sauce tomate.
Disposer les tranches d'aubergines.
Recouvrir chaque tranche de sauce tomate et parsemer de dés de mozzarella.
Râper du parmesan frais au-dessus et parsemer de basilic ciselé.
Enfourner pour 20-30 minutes.

Laisser tiédir un peu avant de servir.

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3) préparer une citronnade, en pensant avec nostalgie à la terrasse du Musée de la Vie Romantique, lieu paradisiaque où l'on pouvait siroter un grand verre de citronnade maison pour moins de 3 euros et qui abrite désormais une cafet' immonde : salades rachitiques, sandwiches en carton, aucune nourriture digne de ce nom n'y est proposée et tout est hors de prix. Quelle tristesse. Bref. J'avais envie d'essayer la recette publiée par Very Easy Kitchen, mais point de menthe dans ma cuisine. Le souvenir d'une citronnade à la vanille s'est imposé à moi, celle de Sugar Plum, servie avec une paille dans un pot de confiture recyclé, et délicieuse.

Citronnade à la vanille
(inspirée de la citronnade d'Alger trouvée chez Very Easy Kitchen, merci !)


pour un peu plus d'1 litre de citronnade

jus de 5 citrons (environ 30 cl)
1 litre d'eau fraîche (filtrée ou minérale)
3 c.s. de sucre vanillé (maison, c'est mieux)

Dans une grande carafe, verser le jus de citron filtré.
Ajouter le sucre et l'eau, bien mélanger.
Mettre au frais pendant quelques heures.
Déguster bien frais, avec des glaçons si vous en avez, mais ce n'est pas indispensable.


(Vous apercevez les grains de vanille qui flottent à la surface ?)

dimanche 14 juillet 2013

Aiguise ta sensibilité à la lumière et au vent, aux changements des saisons (Rosanjin)



C'était vendredi à l'heure du déjeuner. J'avais très envie de découvrir Rosanjin au Musée Guimet, intriguée par les affiches de l'exposition aperçues dans le métro. J'y suis allée avec F., ma collègue céramiste, qui était sans doute l'accompagnatrice idéale pour cette visite.

Nous avons eu toutes deux un moment d'extase face à l'œuvre magistrale de Rosanjin. Le côté brut de certains objets, la modernité de certaines formes, la finesse des ornements, la diversité des styles, la beauté des émaux, tout fut source d'émerveillement...

À la toute fin de l'exposition, impossible de ne pas avoir une furieuse envie de suhi à Ginza, d'un repas kaiseki au clair de lune ou au bord d'un étang de lotus...


Si, comme moi, vous ne supportez plus la chaleur, la foule qui se presse sur les terrasses et les pelouses parisiennes, si vous rêvez de fraîcheur, de tranquillité, de beauté, de sérénité... le sous-sol du Musée Guimet est actuellement l'endroit idéal.

mardi 9 juillet 2013

Dans la pesanteur de l'été



L'été est arrivé. Maintenant qu'il est là, je repense avec d'autant plus de nostalgie à l'Islande, à sa fraîcheur et à ses grands espaces. Paris me fatigue, la ville me fatigue. Jamais je n'aurais imaginé pouvoir affirmer cela, et pourtant.
Heureusement, les poteaux du bureau sont là, qui acceptent toujours avec enthousiasme les escapades gourmandes, que ce soit pour des "bibimbap" revisités, des sandwiches savamment composés ou des fars bretons exquis que l'on peut déguster sur un piano à queue, ou encore pour continuer la tournée des burgers. Hier midi, nous pique-niquions au parc Monceau, en écoutant L. nous jouer des airs brésiliens au cavaquinho.

L'été s'est donc installé. J'espère que le parc en face de la maison donnera beaucoup de framboises cette année et que le carnet de voyage, sur lequel j'avance par (tout) petits bouts depuis un mois, sera bientôt fini.

dimanche 9 juin 2013

Emotional landscapes (retour en Islande)



Ça a commencé (idéalement) avec un repas végétarien au Grænn Kostur, une adresse déjà testée et approuvée l'an dernier (merci Cerise !). Je me suis demandé comment ils arrivaient à faire des soupes aussi exquises. Celle-ci, une soupe carotte coriandre accompagnée de pain à l'épeautre et de houmous, devait être partagée, mais au bout de deux cuillerées, j'ai prévenu mon poulet : "Tu vas devoir en commander une autre, parce que je vais la finir".



Le lendemain matin, nous avons récupéré notre voiture de location, et c'était parti pour un tour de l'île, clockwise comme on le dit si bien en anglais.

À Vatnsdalshólar, il s'est allongé sur l'herbe sèche, pour faire une micro sieste, pendant que j'observais l'eau cristalline du lac et que je prenais des photos surexposées avec mon Fuji... euh, je veux dire "son" Fuji.


Les maisons en tourbe et au toit d'herbe ont continué à nous fasciner, et celles de la ferme de Glaumbær — tout comme celles de Keldur plus tard — n'y ont pas fait exception. J'ai seulement regretté la fermeture du petit salon de thé qui semblait plein de promesses.


Et puis, la surprise. Le premier cadeau de ce voyage. Dans le Skagafjörður, une immensité blanche tout autour de nous, un soleil éclatant, une aire de repos surplombant la baie, et le vent qui, par miracle, s'était arrêté de souffler. Le lieu et le moment parfaits pour un pique-nique de rêve. Nous avons déballé nos sacs de victuailles et pleinement savouré nos tartines de poivronnade et de crème de saumon en contemplant le paysage enneigé.
À la fin du repas, le vent nous fit signe qu'il était temps de reprendre la route.


Il y eut aussi cette journée près du lac Mývatn, une des plus belles du séjour. Une matinée de crapahutage dans la neige — une première fois pour accéder au cratère Viti, une seconde fois pour voir les chutes de Dettifoss —, suivie d'une longue baignade dans les eaux chaudes et laiteuses du Jarðböðin við Mývatn (Mývatn Nature Baths). Une heure et demie de luxe, calme et volupté, sans les hordes de touristes du Blue Lagoon.
Une fois requinqués, nous sommes partis à l'assaut de la colline de Námafjall, affrontant à nouveau le vent, celui qui vous fait face dans la montée et vous pousse vers le vide au moment de la descente. Dans la descente justement, sur cette pente raide, aride et caillouteuse, la peur m'a paralysée plus d'une fois — arrivée en bas, en voyant le panneau "Very difficult track", j'ai compris pourquoi. La récompense, ce fut ce dîner savoureux au Vogafjós Café, au bord du lac Mývatn, avec vue sur les moutons de la ferme d'un côté, et vue sur l'étable et les vaches (en train d'être traites) de l'autre. Nous avons adoré leur soupe d'agneau et de légumes, copieuse et succulente, le hverabrauð tartiné de Smjör, ainsi que la chair délicate de leur souris d'agneau. Le repas le plus réjouissant depuis celui du Grænn Kostur.



À mi-parcours, alors que nous faisions étape dans le nord-est, il y eut un imprévu.
Nous avions été accueillis à Borgarfjörður Eystri par un temps pluvieux, ce qui ne nous avait pas empêchés d'aller observer — avec joie et excitation — les macareux du coin. Mais durant la nuit, la pluie s'était transformée en neige, et l'unique route permettant de sortir du fjord était devenue impraticable. Il fallut se rendre à l'évidence et rebrousser chemin au bout de quelques kilomètres : les pneus d'été de notre Cruze ne faisaient pas le poids face à la route enneigée.
Nous avons donc passé une journée supplémentaire à Borgarfjörður Eystri en attendant que la tempête de neige cesse et que la route soit déblayée. Tout au long de la journée, notre hôte, M. Ásgeirsson, s'est montré ultra prévenant, nous informant régulièrement de la situation météo, nous emmenant voir les petits agneaux nouveau-nés à la ferme de son père — l'un d'entre eux a reçu un petit bisou de ma part —, nous concoctant un dîner avec du poisson-chat pêché par les pêcheurs du village et servi en portions très généreuses (il y eut du rab). Ajoutons à cela la beauté presque irréelle des montagnes environnantes nimbées dans leur brouillard, je n'ai finalement pas regretté ce contretemps.
Le lendemain matin, nous quittions Borgarfjörður Eystri sous un soleil éclatant. L'hiver avait de nouveau fait place à l'été.



Après la traversée des fjords de l'est, le sud est apparu dans un manteau de brume et de pluie. À Jökulsárlón, l'épais brouillard ambiant empêcha toute promenade en bateau, à notre grand regret. Mais le temps menaçant fut à l'origine d'une rencontre sympathique avec deux Américains — un père et son fils, étudiant en météorologie — qui nous ont pris en stop dans leur 4x4 alors que nous nous baladions du côté de Þakgil.
Nous avons adoré retrouver la plage de sable noir de Vík í Mýrdal, les falaises de Dyrhólaey et leurs macareux, les chutes grandioses de Gullfoss, dans un écrin cette fois marron et non vert... Et puis, on ne se lasse jamais de guetter les jaillissements du Strokkur.






De retour à Reykjavík, nous avons posé nos valises au Kex, un lieu fantastique que nous avions découvert l'été dernier grâce à Cerise (grande pourvoyeuse de bonnes adresses dans la capitale islandaise, merci encore !).
L'ultime journée du séjour s'est partagée entre pause café chez Kaffismiðja (encore une adresse de Cerise testée l'an dernier), flânerie au Kolaportið, le marché aux puces local avec orchestre et ambiance kaurismäkienne, discussion animée avec le barista en chef du Litli Bóndabærinn, hot dog et soupe de homard en guise de déjeuner, et concert surprise à Harpa, un lieu qui ne cesse de me fasciner.





Bon, et bien sûr, je me suis gavée de skyr à la myrtille et à la poire, et j'ai aussi fait une overdose de rúgbrauð, mais c'est tellement bon avec du Smjör.

Sur ce, je vous laisse, j'ai encore mon carnet de voyage à finir...

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Un grand merci à Cerise, à Nouk et à Griottes pour leurs conseils et adresses !