vendredi 28 septembre 2012

Un rêve (des lunchboxes)


Je ne sais par quoi commencer.

Si on m'avait dit un jour que la vie pouvait être aussi chouette, que le nirvana pouvait être direct en métro — et si près du Lafayette Gourmet ! —, je ne me serais sans doute pas tant rongé les sangs au commencement de ma vie d'adulte. Ni même après. En tout cas, quand je parlais du métier de mes rêves, je n'exagérais point du tout — à l'école primaire, les exercices de grammaire où il fallait souligner le verbe, le sujet, les compléments, faisaient déjà partie de mes activités favorites...
Une fois passée la surprise de voir des collègues geeks travailler et circuler en chaussettes dans l'open space, je dois dire que tout est absolument parfait — il faut juste veiller à ne pas trop bouger votre fauteuil à roulettes quand un de ces collègues en chaussettes vient vous aider à résoudre un problème. Quoi qu'il en soit, je n'aurais pas pu mieux tomber, car notre coin est régulièrement approvisionné tantôt en fruits, tantôt en tablettes de chocolat ou en bonbons ; c'est donc un véritable plaisir d'apporter des gâteaux maison et de les partager avec tout ce petit monde.

La seule ombre au tableau, c'est ce terrible blocage dès qu'il s'agit d'aligner trois mots d'anglais à l'oral, et ce réflexe de vouloir prendre mes jambes à mon cou quand une collègue anglophone me demande juste gentiment comment ça va — alors que je ne demande qu'à sympathiser. Autant dire que je ne suis pas une publicité convaincante pour l'anglais en LV2.
Ni pour l'allemand en LV1, en fait, parce que si je peux dire sans ciller "Cour Constitutionnelle Fédérale" (Bundesverfassungsgericht), "effet de distanciation" (Verfremdungseffekt), "Art dégénéré" (Entartete Kunst) ou encore "Saint-Empire romain germanique" (Heiliges Römisches Reich), je suis incapable de dire correctement "Il y a du sucre dedans" (Es ist Zucker drin) en parlant de la composition d'un plat — il s'agissait en l'occurrence d'un bento taïwanais, mangé lors d'une sortie déjeuner avec des collègues amatrices de boba (sic) ; mais de temps à autre, malgré la fatigue, le manque de sommeil, malgré le carnet de chèques déjeuner, je ne résiste pas au plaisir de me composer des lunchboxes, comme au bon vieux temps.