samedi 13 novembre 2010

But I know it's true that good things never last (Grand Pan et gâteau amandes noix chocolat)


Tout a commencé par une déception. Un repas dont j'attendais beaucoup. Trop même.
Sur le papier, l'adresse était alléchante : un restaurant "de feu", où l'on fait cuire la viande dans une cheminée. De la côte de bœuf grillée au feu de bois, comme une promesse d'extase gustative. Las ! La viande était dure et sans saveur, la portion de pommes sautées pour deux un peu chiche, et le lieu trop touristique pour être authentique. Une réputation surfaite, si vous voulez mon avis.
Heureusement, Pozzetto n'étant pas loin, nous avons fini notre repas sur un pot de glace pistache pour lui, et gianduja-fiordilatte (encore) pour moi, dégustés sur un banc de la place au bout de la rue du Bourg Tibourg.
Mais nous ne pouvions pas en rester là.

En tout début de semaine, une rencontre fortuite avec un billet de cinquante sur le chemin du bureau (on eût dit une scène de film : je vois le billet à mes pieds et m'apprête à le ramasser, mais une bourrasque l'emporte sur la chaussée. J'hésite à lui courir après — la cupidité, c'est mal... Le billet poursuit sa route, puis finit par se nicher derrière la roue arrière d'une voiture. Personne d'autre ne l'a vu. Je traverse la rue et me baisse pour le ramasser : il est à moi !) hâta un peu les choses : après m'être offert un dolsot bibimbap chez Shin Jung, qui me réchauffa bien les os en ce jour de déluge, je décidai d'inviter mon poulet au Grand Pan.
Nous ne fûmes pas déçus.

Installés dans la deuxième salle, nous avions vue sur l'arrière du bar et les jolies ombres des verres et bouteilles.
En entrée, nous avons choisi de partager un plat (et pourquoi pas ?) : des noix de Saint-Jacques d'Erquy à la plancha, fraîches, dodues, dorées, accompagnées d'une petite cocotte de légumes incroyablement savoureux. Miam.



Puis la côte de bœuf arriva sur la table, avec ses frites au couteau, épaisses comme je les aime, et du mesclun de chez Annie Bertin (je dois dire que la première fois que j'ai entendu son nom, ça m'a fait bizarre). On nous donna des assiettes chaudes (!) pour déguster tout cela. Que dire sinon que la viande est bien goûteuse, tendre et pas trop grasse, les tiges d'oignon émincées et le filet de sauce brune ajoutant encore plus de saveur. Elle fut dégustée, engloutie, avec délectation.
Pour clore ce repas jubilatoire, un dessert partagé : crumble pomme-coing et noix caramélisées, crousti-fondant (dans lequel nous avons pu identifier noisettes, noix de macadamia et pistaches dans la croûte). Tellement bon que nous aurions pu en prendre un chacun, tout compte fait.
Et parce que l'échine de porc Ibaïona confite, le filet mignon de veau façon Rossini ou le gros pavé de grondin à la plancha - jus aux coquillages sont hautement tentants, nous ne tarderons pas à réserver de nouveau une table. Sachez qu'il y a également une carte de gibiers bien fournie et que le service est des plus attentionnés. Courez-y ! (ainsi, vous pourrez goûter à l'huître boudeuse de chez David Hervé et me dire de quoi il s'agit)

Le Grand Pan
20, rue Rosenwald
75015 Paris
Bus 62, 89, 95 arrêt Brancion,
ou M° Plaisance (ligne 13) mais c'est plus loin
01 42 50 02 50
Ouvert du lundi au vendredi


La semaine dernière, mon sort fut scellé. On me confirma ce que je devinais déjà : il n'y aurait pas de suite, pas de contrat supplémentaire. Les trois lettres magiques, ce serait ailleurs, plus tard. Ce soir-là, je suis partie avec la gorge serrée ; Jay Jay Johanson, Morrissey, Gaëtan Roussel et quelques autres m'ont tenu compagnie sur le trajet. Je me suis demandé quand ma vie se stabiliserait enfin, quand cesserait cette incertitude du lendemain... (Mais je n'ai pas dit mon dernier mot.)
Ce même jour, j'appris d'autres nouvelles, plus réjouissantes. Une sélection à un concours, quelques lignes dans un magazine. Rien d'extraordinaire, somme toute, mais il ne faut pas se mentir, un peu de reconnaissance fait toujours plaisir.
Quand je pense que le blog fut bricolé en catimini et longtemps ressenti comme une activité un peu honteuse et inavouable (poster des recettes de cuisine en racontant sa vie et ses états d'âme — Éric —, au lieu de concentrer ses efforts sur sa thèse, ce n'est pas très glorieux), je me dis que de l'eau a coulé sous les ponts depuis, et que finalement, ce n'est pas si nul. Alors, même si les journées raccourcissent, que le ciel se fait toujours plus sombre, que les averses sont quotidiennes ces temps-ci, je préfère penser à la splendeur des tapis de feuilles de ginkgo dorées de la place de Dublin, aux arbres presque nus qui, avec leurs quelques feuilles restantes, ressemblent à des mobiles frêles et délicats, à la lueur rosée du crépuscule, à la Tour Eiffel qui scintille au loin quand j'attends mon bus le soir. À toutes ces choses qui arrivent à ce moment précis de l'année.
Comment pourrais-je donc abhorrer une saison qui se montre si clémente avec moi ?
En plus, j'ai réussi, tout récemment, le meilleur de mes fondants au chocolat (pour un dîner en tête-à-tête avec ma Crevette), et ajouté un gâteau magnifique, irrésistible, à mon répertoire. Me croirez-vous si je vous dis que j'en ai mangé le tiers à moi toute seule, le même jour (avant ET après la séance de 14h40 de The Social Network) ?

Gâteau amandes, noix & chocolat un peu comme au River Café
(déniché ici, merci Zorra)


pour un moule de 20 cm de diamètre

150 g de beurre doux ramolli
150 g de sucre vanillé
1 gousse de vanille réduite en poudre
150 g d'amandes en poudre
2 œufs
40 g de farine
une pincée de levure chimique
80 g de cerneaux de noix concassés
5 cl d'amaretto (ici : du marsala - c'est tout ce que j'avais)

Pour le glaçage :
100 g de chocolat noir
20 g de beurre


Préchauffer le four à 160 °C.
Mélanger le beurre et le sucre.
Ajouter les amandes et la vanille en poudre.
Incorporer les œufs un à un, en mélangeant bien à chaque fois.
Ajouter les noix concassées, la farine et la levure, mélanger.
Ajouter enfin l'amaretto.
Verser dans un moule recouvert de papier cuisson et enfourner 1 heure à 160 °C.

Une fois que le gâteau est cuit, préparer le glaçage : faire fondre le chocolat et le beurre (au micro-ondes ou au bain-marie).
Recouvrir le gâteau du glaçage et égaliser avec une grande spatule (ou le côté non tranchant d'un long couteau).
Laisser refroidir.


J'ai beaucoup profité des dernières belles tomates le mois dernier, mais il me paraissait indécent de publier une recette à la tomate en plein mois de novembre (déjà que je vous ai fait le coup avec des aubergines l'année dernière).