dimanche 19 juin 2011

Sept fois à terre... (la bouche pleine de clafoutis)


Elsa est une fille un peu paumée. La nuit, elle nettoie des bus dans un dépôt glauque. Le jour, elle garde un môme au prénom improbable, récupère de vieux vêtements pour son fils dont elle n'a pas la garde, se balade dans la forêt et se vautre lamentablement aux entretiens d'embauche qu'elle réussit à décrocher (quand on lui demande jusqu'où elle est allée dans ses études de lettres, elle répond "jusqu'à la fin du 19ème siècle"). Son mantra est "Sept fois à terre, huit fois debout".
Son voisin Mathieu, qui pratique le tir à l'arc dans les bois, s'est également fait une grande spécialité d'échouer à ses entretiens : il s'y présente l'air hébété, le cheveu hirsute, et affirmant que sa plus grande qualité est... le doute.
Tous deux finissent par se faire expulser de leurs appartements respectifs et tentent de survivre cahin-caha.
Losers magnifiques et touchants.

Si je les observais avec une certaine distance compatissante il y a quelques semaines encore, je me sens un peu des leurs aujourd'hui. À la différence près que ma spécialité à moi n'est pas le foirage d'entretien d'embauche, mais le siège éjectable. Avec l'éjection. Il faut croire que comme eux, j'ai la lose chevillée au corps.
Je me plaignais du manque de temps libre , je vais en avoir à foison désormais.*
Espérons juste que la saison des cerises ne s'arrête pas trop vite, je n'ai pas encore eu ma dose de clafoutis.

Vous ne m'en voudrez pas, j'espère, de mettre ici une recette déjà publiée. Mais vous pourrez constater que la recette portait bien son nom, je n'ai effectivement pas changé (sauf la quantité de cerises, et le choix du moule : au lieu d'un moule à manqué, je préfère désormais prendre un grand moule à tarte — le ratio appareil-cerises y est parfait).

Mon clafoutis aux cerises hétérodoxe


700 g de cerises (fraîches ou surgelées — il en faut suffisamment pour recouvrir un moule à tarte de 30 cm de diamètre)
250 g de ricotta
3 œufs
80 g de farine
60 g de poudre d'amandes
190 g de sucre blond de canne
2 c.s. de kirsch
quelques gouttes de jus de citron

Dénoyauter les cerises (ou non — personnellement, je trouve que le clafoutis est beaucoup plus agréable à manger sans les noyaux).
Préchauffer le four à 190 °C.
Recouvrir un grand moule à tarte de papier cuisson.
Séparer les blancs et les jaunes.
Mélanger vivement les jaunes avec le sucre.
Ajouter le kirsch, la ricotta, la poudre d'amandes et la farine, en mélangeant bien entre chaque ingrédient.
Monter les blancs en neige ferme avec le jus de citron, et une pincée de sel.
Incorporer délicatement les blancs à l'appareil.
Verser dans le moule et recouvrir avec les cerises.
Enfourner environ 45 minutes (à adapter selon votre four).


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* En vérité, je suis plutôt soulagée de quitter ce bureau sinistre et ce quartier atroce, cette cantine infâme et ces chefs sans âme. H. et M. me manqueront, c'est sûr, mais on pourra être de vraies amies maintenant.

À venir : le dernier volet du triptyque breton.

lundi 13 juin 2011

Triptyque breton (2) : Tanpopo


La Promenade des premiers rayons d'été, l'année dernière, à Saint-Malo, nous avait enchantés. J'avais gardé un doux souvenir de cette journée passée entre amis.

Un an après, une envie irrépressible : retrouver la grâce d'un repas à Tanpopo.
Ce jour-là, le soleil était de la partie. L'après-midi fut réparti entre une pause kouign amann, crêpe et provisions de sardines - juste après avoir garé la voiture au pied des remparts -, puis une longue balade sur le Grand Bé, où une sorte de mille-pattes incroyablement velue - mais attendrissante - est venue se jucher sur la cheville gauche de mon poulet alors que nous étions assis sur l'herbe. Un vent fort balayait le rocher, qui me décoiffait sans cesse. Pourtant, nous étions bien mieux là, au sommet du Grand Bé, que sous le soleil brûlant de la plage. Beaucoup de souvenirs furent évoqués durant la balade, au cours de laquelle j'ai jonglé avec mes trois appareils photo habituels (alors que vous avez dû remarquer que je ne vous montrais aucune photo...).

Comme l'année dernière, nous nous sommes amusés à comparer et à "noter" les plats dégustés, sans aller toutefois jusqu'à un classement final. Néanmoins, nous étions tous les deux d'accord pour dire que les sardines et ris de veau panés étaient fantastiques et surprenants (et beaux, avec le fuchsia de la betterave et le noir du wakamé), la terrine d'avocat avec sa raie pochée et ses légumes croquants un plat tout en délicatesse, tandis que le dessert, cette mousse au Calpis renfermant en son coeur un biscuit de Savoie imbibé de coulis de framboises, fut une manière parfaite de clore cette Promenade des brises du printemps.

(amuse-bouche, hors-compétition)

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Tanpopo
5, place de la poissonnerie
35400 Saint-Malo
02 99 40 85 53
Fermé le lundi

mercredi 8 juin 2011

Triptyque breton (1) : Youpala Bistrot


On est parti très tôt ce matin-là.
Après plusieurs heures de Radio Classique, une barquette de fraises achetée la veille devant Du Pain et des Idées, un Ritter Sport lait-noisettes (inégalement partagé), plusieurs centaines de kilomètres parcourus, et quelques passants interrogés, on a fini par trouver le Youpala Bistrot, au bout d'une rue pavillonnaire déserte de Saint-Brieuc.

Face à la cuisine pétillante et pleine de fraîcheur de Jean-Marie Baudic, je n'ai pas fait ma difficile, goûtant absolument à tout ce qui m'a été servi, y compris l'encornet ou la chantilly que d'ordinaire j'écarte soigneusement du reste de l'assiette. La pièce de thon cru posée sur un lit de citron caviar, tout comme le lieu jaune entouré d'une ribambelle de légumes colorés et croquants (qui auraient sans doute été encore meilleurs avec un peu plus de cuisson), ont ravi nos papilles.
Seule la partie émergée du baba au rhum, un peu sèche, m'a déçue (je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'inégalable Baobab de Pain de Sucre). Je devrais éviter de m'attendre à la perfection.




Après ce repas léger et joyeux, nous avons repris la route. Ce (court) week-end breton s'annonçait bien.

Youpala Bistrot
5, rue Palasne de Champeaux
22000 Saint-Brieuc
02 96 94 50 74
Fermé dimanche et lundi