Le premier jour où j'ai pensé que l'été pouvait être chouette en fin de compte, c'était le premier samedi d'août. D'abord, une balade vespérale au parc de Belleville sous un soleil très doux. Tout en haut du parc, les gens se prélassaient sur l'herbe et des enfants jouaient dans le petit bassin aux jets d'eau. Quant à nous, nous nous amusions à deviner quels monuments se présentaient face à nous, dans cette vue panoramique de Paris — son sens de l'orientation totalement hasardeux m'a bien fait rire.
Un peu plus tard, nous avons dirigé nos pas vers la Bellevilloise, où mon poteau L. donnait avec son groupe un concert de samba. Lorsque la musique a démarré, les gens ont afflué à l'intérieur de la salle. Attablés, avec un verre de caïpirinha, nous avons regardé les gens danser. J'ai eu l'impression d'être loin de Paris, loin du quotidien et des aléas du travail. Une parenthèse joyeuse en cet été morne et pénible — pour moi, l'été est toujours morne et pénible.
Le week-end suivant fut solitaire. Samedi matin, j'ai filé tôt au marché de l'Alma — 40 min de trajet en bus et métro tout de même — pour acheter des tomates chez Joël Thiébault. Je suis devenue folle en découvrant ses somptueux étals : j'ai rempli mon panier de plus de 3 kg de Noire de Crimée, Cœur de Bœuf, Ananas, Green Zebra, qui ont fait des salades, des sauces et des pâtes à se damner. Je n'ai pas résisté non plus aux aubergines, aux courgettes jaunes, aux petits poivrons violets et jaune pâle... Et bien sûr, impossible de quitter le stand sans un beau bouquet de basilic pour le pesto et les salades de tomates. Bonheur absolu de voir que Joël Thiébault ne vous abandonne pas, même en plein milieu du mois d'août — j'aime particulièrement le fait qu'il vous tend vos sacs de légumes en vous souhaitant "bonne cuisine alors !". M'est avis qu'il faudrait aller visiter son stand beaucoup, beaucoup plus souvent.
Samedi dernier, après avoir traînassé jusqu'en début d'après-midi, puis découvert le rideau baissé aux Rois de la Frite, nous avons atterri un peu par dépit à L'Avant-Comptoir pour acheter des crêpes à emporter — ce que nous avons fait. Puis, en voyant la minuscule salle quasi vide et les pancartes au plafond annonçant plein de choses irrésistibles, nous avons posé nos crêpes au chocolat sur le comptoir pour pouvoir goûter enfin à ces tapas/pintxos dont Camille avait fait l'éloge. Le choix fut cornélien, mais bon : il a adoré la friture d'alevins, et nous avons adoré tous deux les txistorras avec leur coulis de piquillos, les croquettes un peu grassouillettes au jambon Ibaiona et le tataki de thon avec les paillettes de piment d'Espelette flottant sur l'espuma. Un mini festin. Je regrette de ne pas avoir dessiné le verre de vin avec le petit cochon dessus... disons que ce sera pour la prochaine fois.
Le gâteau de ce mois d'août est sans conteste le blueberry buckle. J'avais gardé le souvenir d'une recette vue chez Lilo il y a quelques années déjà mais, j'ignore pourquoi, je ne l'avais jamais essayée... Il aura fallu attendre l'anniversaire de mon poteau L. pour que je me lance enfin. Malheureusement, tout ne s'est pas passé comme prévu : la pâte, en gonflant, a recouvert quasiment tout le topping ; je me suis donc pointée au bureau avec un gâteau raté.
Pas vaincue, j'ai refait un essai quelques jours plus tard, en augmentant la quantité de myrtilles, et là, miracle, la pâte n'a pas bougé.
L'anniversaire d'un autre collègue fut l'occasion de réparer le ratage initial.
Blueberry buckle
(adapté de la recette trouvée chez Lilo)
pour un moule de plus de 23 cm de diamètre
Pour le gâteau :
120 g de beurre mou
130 g de sucre blond de canne (initialement : 150 g)
1 œuf
200 g de farine
1/2 sachet de levure
1 pincée de sel
120 ml de lait
450 g de myrtilles (ici : surgelées ; initialement : 600 g)
Pour le topping :
100 g de farine
100 g de sucre blond de canne
60 g de beurre
1 pincée de cannelle (initialement : 1 c.c. rase)
Préchauffer le four à 180 °C.
Dans un grand bol, mélanger vivement le beurre et le sucre, puis ajouter l'œuf.
Incorporer la farine, la levure, bien mélanger.
Ajouter enfin le lait, et finir avec une pincée de sel.
Verser la pâte dans un moule beurré ou tapissé de papier cuisson.
Dans un autre bol, mélanger la farine, le sucre et la cannelle.
Ajouter le beurre coupé en dés.
Travailler la pâte du bout des doigts comme pour un crumble.
Rassembler les "miettes" en boules en les pressant dans la main.
Laver et sécher les myrtilles si elles sont fraîches, sinon les verser directement sur la pâte (sans les décongeler).
Il faut une couche de myrtilles bien épaisse pour que la pâte en-dessous ne bouge pas trop pendant la cuisson.
Répartir le topping en "pépites" (et non pas en miettes — c'est important, car trop petites, elles vont fondre dans le jus des myrtilles) et enfourner entre 45 min et 1h05, à adapter selon son four (pour moi : 1h05, alors que dans la version de Lilo, c'est plutôt 45 min). Ce n'est pas trop grave si le gâteau cuit un peu plus que nécessaire, l'humidité des myrtilles est là pour compenser, et la croûte du dessus sera bien croustillante.
À déguster tiède, c'est vraiment là qu'il est le meilleur.
Incorporer la farine, la levure, bien mélanger.
Ajouter enfin le lait, et finir avec une pincée de sel.
Verser la pâte dans un moule beurré ou tapissé de papier cuisson.
Dans un autre bol, mélanger la farine, le sucre et la cannelle.
Ajouter le beurre coupé en dés.
Travailler la pâte du bout des doigts comme pour un crumble.
Rassembler les "miettes" en boules en les pressant dans la main.
Laver et sécher les myrtilles si elles sont fraîches, sinon les verser directement sur la pâte (sans les décongeler).
Il faut une couche de myrtilles bien épaisse pour que la pâte en-dessous ne bouge pas trop pendant la cuisson.
Répartir le topping en "pépites" (et non pas en miettes — c'est important, car trop petites, elles vont fondre dans le jus des myrtilles) et enfourner entre 45 min et 1h05, à adapter selon son four (pour moi : 1h05, alors que dans la version de Lilo, c'est plutôt 45 min). Ce n'est pas trop grave si le gâteau cuit un peu plus que nécessaire, l'humidité des myrtilles est là pour compenser, et la croûte du dessus sera bien croustillante.
À déguster tiède, c'est vraiment là qu'il est le meilleur.
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Il y a quelques semaines, j'ai eu le plaisir de répondre à quelques questions pour le site Guide Évasion — oui, oui, c'est bien un site sur les voyages et non sur le manger, il n'y a pas d'erreur. L'interview se trouve là — et vous pourrez constater que je radote beaucoup.
15 commentaires:
Chère Mingou,
Incroyable, j'ai fait le même genre de gâteau hier, à partir d'une recette viennoise... Le principe est identique : pâte briochée, une belle couche de fruits et un streusel. Dans la version autrichienne on met des prunes, pardi, et ça tombe à pic puisqu'elles descendent des arbres par kilos ces jours-ci (tout comme les tomates en tout genre. A part cela bravo pour l'interview, je vais aller lire cela ! Bises
Bon en fait le principe est similaire mais pas identique, pour être parfaitement rigoureuse : une pâte briochée alors que ta recette est un biscuit à la levure chimique. (Natalia est à moitié-réveillée à cet heure...)
J'adore te lire et surtout pendant mon petit-déjeuner, donc juste un petit mot pour te dire que j'espère pouvoir continuer longtemps mon petit rituel. Par ailleurs j'apprécie énormément ton écriture, je dévorerais volontiers un bouquin si c'est pour y trouver toutes tes jolies phrases.
Bonne continuation !
Dommage que je ne connaissais pas ce Joel Thiebaut quand j'habitais à Paris... Que les marchés parisiens me manquent! Les sois-disants Farmer Market de New York ont l'air bien ridicule à côté...
Tiens, tes coups de crayons sont plus francs.
Tes dessins sont de plus en plus beaux...
Un changement en toi ?
J'ai lu un roman merveilleux qui devrait à coup sûr
te plaire. "Profanes" de Jeanne Benameur.
Peut-être croiseras-tu son chemin :)
Un calendrier gourmand est une bonne idée.
Natalia : Je ne pense pas qu'on puisse être bien réveillé à 5h54 du matin ;-)
J'adorerais goûter ton gâteau viennois, ça doit être magnifique avec les prunes.
ahurie : Merci pour le compliment, c'est très touchant. Mais vu ma fréquence de publication, ça ne te fait pas beaucoup de petits déjeuners...
Curiosités à NY : Le stand de Joël Thiébault est une exception, et puis tous les marchés ne sont pas aussi alléchants.
Nilufer : Hmm, je me demande comment tu vois que mes coups de crayon sont plus francs... Ce qui est vrai, c'est que je n'utilise pas de crayon et que je dessine directement au stylo depuis quelque temps (par paresse). Tu trouves que ça se voit, ou bien tu parles des couleurs ?
Merci pour le conseil de lecture ! Je vais noter ça. Mais je ne sais pas quand je trouverai le temps... Ça fait 4 mois que je suis sur le Boulgakov (il faut dire que je lis sans arrêt d'autres trucs en parallèle, mais je suis proche de la fin) et il y a le prochain livre pour le club de lecture...
On dirait que tu n'as plus peur...
Bref, je ne saurais te dire précisément comment je vois ça mais la sensation m'a sauté aux yeux !
Mais peut-être que je vois mal ;)
Je constate, quand meme avec plaisir, que tu consens a trouver quelquefois l'ete presque agreable.
Depuis le temps que j'ai envie d'aller gouter chez Camdeborde,si en plus tu dessines des saucisses, ca devient totalement irresistible.
Les legumes sont tres beaux, sacrement appetissants. On dirait de petits bijoux sous ta plume (peut-etre qu'effectivement ce dessin-ci est un peu different, plus de contrates peut-etre, un contour plus precis).
Nilufer : Tu es trop forte !
En fait, j'ai encore peur, mais j'ose plus facilement maintenant.
Gracianne : Tu fais bien de préciser "quelquefois" et "presque" ;-)
Heureusement qu'il y a les fruits rouges, les tomates et les poivrons violets pour rendre l'été plus attrayant.
Il faudra qu'on s'organise une virée à l'Avant-Comptoir un de ces quatre, avec Camille.
Ah, je crois savoir pourquoi votre perception des dessins a changé... Je dessine en plus grand format sur un bloc à croquis depuis le début de l'année, et plus sur mon petit carnet Penguin. Ça doit jouer.
Je suis bien contente de lire dans ton interview que l'Islande fait partie de tes voyages mémorables (je crois que ce pays ne laisse personne indifférent ;) ).
Tu m'as donnée envie avec tes myrtilles... en plus j'en ai au congélateur ça tombe bien :)
Mingou, je t'assure qu'à 5h45, je suis parfaitement bien réveillée, tous les matins... parfois plus tôt encore. Toutefois c'est par suite d'insomnies chroniques et j'ai dû perdre beaucoup, beaucoup de neurones et de connexions ces temps-ci ! Si j'y arrive je posterai ma recette sur le blog...
A chaque fois que je viens, je me reproche de ne pas venir plus souvent ! C'est beau, c'est douillet chez toi. Et comme j'aimerai être ta collègue °v° !
Je me réjouis déjà de picorer basque en votre compagnie :)
Tes tomates sont très belles - on se croisera sans doute devant l'étal, que j'ai retrouvé avec grand plaisir après quelques tentatives maraichères infructueuses aux Batignolles.
Je découvre ton blog et je suis sous le charme...Une recette très appétissante que je vais tenter avec des prunes! merci!
Nouk : Bien sûr que ça fait partie de mes voyages les plus mémorables ! Et je n'ai qu'une envie, y retourner très vite.
Natalia : Je te crois ! Heureusement, je ne connais pas ces problèmes d'insomnie...
J'espère voir ta recette de gâteau bientôt !
Mathilde : Merci ! Je peux te retourner le compliment : c'est beau et douillet chez toi aussi :-)
Camille : En matière de légumes, rien ne vaut l'étal de Joël T., on est bien d'accord. Encore que Terroirs d'avenir assure pas mal.
pequery françoise : Bienvenue, et merci ! J'espère que la même recette avec des prunes sera aussi bonne. Tu me diras ?
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